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Pruneaux

e pruneau est un fruit sec provenant de prunes séchées, pour être conservées.

En France, le pruneau d'Agen (préfecture du Lot-et-Garonne en Aquitaine), protégé depuis 2002 sur l'ensemble de l'Union européenne par une indication géographique protégée (IGP), est le fruit séché d'une variété de prunier cultivé, nommé prunier d'Ente. On le consomme nature, en accompagnement de plats salés, ou dans des desserts sucrés. D'autres villes comme Brignoles, Tours ou Dijon (Vitteaux) étaient connues, surtout au XIXe siècle, pour leurs pruneaux.

Histoire[]

Hubert Caillavet (1991), un ingénieur horticole travaillant à la station de recherches viticoles, d'arboriculture fruitière, près de Bordeaux, supposait que la prune d'ente « aurait été introduite d'Orient à l'époque des Croisades et fut multipliée d'abord dans les vergers du monastère bénédictin de Clairac (Lot & Garonne). Ce sont probablement les moines qui, les premiers, ont pratiqué le séchage de la prune. Cette variété était appelée autrefois prune d'Agen ou prune datte... L’appellation « d'ente » semble avoir été donnée pour la première fois en 1846, car à cette époque, on remarqua qu'il était préférable de « l'enter » (ce qui veut dire greffer en vieux français). »

Des preuves demeurent de sa culture au XVe siècle. Le Dr Tarry, de la Société d'agriculture d'Agen, a publié en 1821 un article justifiant l'utilisation du terme « pruneaux d'Agen » pour cette production. En effet, l'épicentre de la production se trouve 30 à 40 km plus au nord, vers Sainte-Livrade-sur-Lot et Villeneuve-sur-Lot, mais c'est bien du port d'Agen que partaient autrefois les embarcations vers Bordeaux puis le reste du monde.

Le pruneau était un aliment favori des marins au XVIIe et XVIIIe siècles et des colons au XIXe siècle, grâce à son aptitude à conserver ses qualités de fruit au cours de longs transports, assurance contre le scorbut. La culture du prunier d'ente a été installée au XIXe siècle dans le Nouveau Monde.

Cette culture, à partir de plants importés de la région d'Agen, a connu un grand succès en Californie, mais aussi en Afrique du Sud, en Australie, en Argentine et au Chili, pays devenus concurrents du pruneau d'Agen sur les marchés internationaux.


Culture[]

Dans un verger de culture, les pruniers sont généralement espacés de six, sept mètres.

La récolte se fait entre le 15 août et le 20 septembre. Les fruits mûrs sont ramassés par secouage du prunier de manière manuelle ou à l'aide de vibreurs mécaniques qui font tomber les prunes sur de larges toiles tendues. On utilise aussi de grands tabliers circulaires qu'une machine drape en collerette autour du tronc de l'arbre.

La qualité du pruneau dépend pour beaucoup de la maturité de la prune. Les fruits cueillis sont lavés à l'eau douce et sont ensuite séchés naturellement au soleil, ou industriellement, au four.


Séchage[]

En France, les prunes fraîches juste récoltées sont lavées, triées et calibrées par tailles. Elles sont ensuite étalées sur des claies qui sont empilées sur de grands chariots pour être envoyées dans les tunnels de séchage. Elles passent là de 20 à 24 heures dans des fours chauffés entre 70 et 80 °C jusqu'à ce que leur taux d'humidité résiduel soit ramené à 21-22 %. Ce taux d'humidité réduit permet une bonne conservation sur plusieurs années en atmosphère naturelle.

Avant commercialisation, les pruneaux sont réhydratés dans un bain à 75-80° pour remonter leur taux d'humidité à 35 % environ. Il faut généralement entre 3 et 3,5 kg de prunes d'ente fraîches pour obtenir après séchage 1 kg de pruneaux d'Agen.

Dans certains pays comme le Chili ou l'Argentine, le séchage est encore réalisé au soleil en 10 à 12 jours, à même le sol ou sur des grilles surélevées, mais cette technique est en diminution à cause de ses inconvénients sanitaires et de la difficulté d'obtenir un séchage « à point ».

Lors du séchage, les prunes subissent un changement de couleur important, dû à l'apparition de pigments bruns ayant pour origine l'oxydation des composés phénoliques. Les enzymes impliqués dans cette oxydation sont des polyphénol oxydases (PPO).

Durant le séchage, dans une première phase, la teneur en saccharose de la prune fraîche diminue rapidement, compensée par l'augmentation des concentrations des deux produits d'hydrolyse, à savoir le glucose et le fructose2. Dans un deuxième temps, le glucose et le fructose sont dégradés par des réactions de Maillard mais pas le sorbitol. Celui-ci ne commence sa dégradation que durant la dernière étape où se produisent des caramélisations.

Lorsqu'on effectue un séchage débutant à 85°C puis ramené à 70°C, on observe3 une diminution de la concentration en composés phénoliques de 31-38 %. Le séchage détruit les anthocyanosides et une partie significative des flavonols et de l'acide ascorbique. Par contre, il y a un doublement de l'activité antioxydante.


Caractéristiques[]

Le pruneau a un poids moyen de 15 grammes. Il a un fort pouvoir antioxydant. Il est riche en fer. Il contient une forte concentration de sucres (glucose, fructose et sorbitol principalement), ce qui lui permet une longue conservation naturelle.

Le calibre est un indicateur essentiel de la qualité intrinsèque du fruit : plus la prune était riche en sucres à l'état frais, plus le pruneau est gros et souple après séchage. Le calibre s'exprime par le nombre de fruits aux 500 grammes : plus le nombre est petit, plus les fruits sont gros. Le calibre déclaré sur l'emballage est une fourchette (par exemple 33/44 : 33 à 44 fruits par 500 grammes).

Sa couleur noire est due à l'action d'enzymes. Il s'agit de polyphénol oxydases comme ceux que l'on retrouve dans les raisins secs. D'ailleurs, les deux fruits, lorsqu'on les fait sécher, prennent la même couleur noire caractéristique.

Les pruneaux sont vendus dénoyautés ou non. Leur grosseur et leur qualité sont variables. Il est préférable de choisir des pruneaux bien noirs, brillants, moelleux et charnus, non poisseux ni moisis. S'ils paraissent secs, cela peut provenir de la petitesse du calibre choisi (peu de pulpe sur le noyau) ou d'une conservation trop longue hors d'un emballage hermétique.

En raison de leur forte teneur en sorbitol, les pruneaux ont une action laxative, particulièrement efficace si les fruits ont trempé et sont consommés avant le sommeil. Le jus a des propriétés similaires.

De plus, ce fruit contient un excellent apport en potassium (600-732mg/100 g), ce qui en fait donc un excellent fruit à consommer pour les gens souffrant d'un excès de sodium dans l'organisme.

Valeur nutritionnelle[]

Le profil nutritionnel des pruneaux donné dans les tables de composition des aliments résulte de la compilation de résultats éparts, notamment étrangers. Ils ne tiennent pas compte du lieu de cultures et des méthodes de séchage. Or la nature du sol détermine les teneurs en certains nutriments, comme le bore. Nous donnons dans les tables suivantes5, les analyses faites sur des « pruneaux d'Agen » de la région de Villeneuve-sur-Lot, les seuls à pouvoir bénéficier de cette appellation IGP (indication géographique protégée).

Après séchage, le noyau représente environ 11 % du pruneau alors qu'il ne faisait que 7 % du fruit frais.

Pruneau (valeur pour 100 g de pulpe de pruneaux récoltés dans la région de Villeneuve-sur-Lot en 2003, d'après Bourre et coll.5 (2007))
 valeur énergétique : 959 kJ eau : 36,3 g fibres : 6-7 g sorbitol : 29,6 g
protéines : 1,96 g lipides : 0,26 g glucides : 60,6 g fructane : 300 mg
oligo-éléments
potassium : 621mg magnésium : 30 mg phosphore : 70 mg calcium : 49 mg
sodium : 0,84 mg fer : 2,13 mg bore : 1,0 mg zinc : 0,51 mg
  vitamines
vitamine C : <1 mg vitamine B1 : 0,82 mg   vitamine B2 : 0,06 mg  vitamine B3 : 1,13 mg
 bêta-carotène: 0,47 mg  vitamine B5 : 0,27 mg vitamine B6 : 0,16 mg  vitamine K : 4,3 µg
acides organiques
acide quinique : 4 100 mg acide malique : 290 mg   acide shikimique : 280 mg acide chlorogénique : 8 mg



La teneur en eau correspond à celle requise par la réglementation. Le degré d'hydratation du pruneau français (36,2 %), plus élevé que celui du pruneau américain (32,4 %), explique les différences de teneurs des macro-nutriments avec les tables américaines de Stacewicz-Sapuntzakis et coll 2001.

Le pruneau est un fruit riche en glucides et pauvre en lipides et protéines.

Les glucides se décomposent en Les sucres simples et amidon dans le pruneau (Bourre et coll. 2007)
glucose fructose  saccharose sorbitol amidon
 42,7  25,6  1,6  29,6  0,4



Le saccharose est peu abondant (1,6 % des glucides) car il est hydrolysé lors du séchage sous l'effet d'activation d'enzymes. Les pruneaux se singularisent dans le monde végétal par leur forte teneur en sorbitol (30 % des glucides), un polyol lentement métabolisé par l'organisme. L'abondance de ce composé expliquerait la faiblesse de l'indice glycémique (vitesse de digestion des glucides), tout comme la présence de bore, de fibres alimentaires et de polyphénols.

Les pruneaux contiennent de faibles quantité de fructanes (0,3 %), beaucoup moins que les raisins secs (7 %) mais beaucoup plus que les pommes, les poires et les bananes. Les fructanes sont des polymères de fructose, qui passent à travers l’intestin grêle sans être digérés et se retrouvent dans le côlon où ils subissent une fermentation par le microbiote et stimulent la flore intestinale.

Les glucides du pruneau sont digérés relativement lentement. La mesure précise de cette vitesse de digestion se fait par l'indice glycémique. Plus ce paramètre est bas, plus le glucose met de temps pour passer dans le sang. Le pruneau a un indice glycémique moyen de 52, situé au-dessus de celui du pamplemousse (25) et en dessous de celui du miel (73).

Les pruneaux sont parmi les aliments les plus riches en fibres alimentaires (6-7 % de la chair). Ces fibres se décomposent en fibres solubles (57 % des fibres totales), riches en pectines et en fibres insolubles (43 %), composées de cellulose et hémicellulose. Les fibres sont bien connues pour faciliter le transit intestinal mais elles contribuent aussi à diminuer l'indice glycémique et à baisser le LDL-cholestérol.

Les pruneaux font partie des aliments usuels les plus riches en potassium (621 mg/100 g), un peu moins que les raisins secs, et environ autant que les châtaignes et les noix. Leur teneur en zinc et fer est aussi significative.


Utilisations[]

Il était un des constituants du diaprun solutif de la pharmacopée maritime occidentale au XVIIIe siècle 10. Pour l'alimentation

Les pruneaux se consomment en dégustation comme fruit sec (très énergétique), ou cuits en compote.

Pour la consommation de bouche, on préférera les calibres de 44 fruits aux 500 grammes et plus gros (28/33, 25/30, 33/44).

On les incorpore entiers ou en morceaux dans des sauces, gâteaux (clafoutis, far breton, biscuits, muffins, puddings…), fromage blanc. On les mange également à l'apéritif, entourés d'une tranche de bacon (piquée à l'aide d'un pique-olives) et passés au four.

Les pruneaux sont également délicieux pour accompagner le lapin, la volaille et le gibier. Tajine de mouton aux pruneaux et amandes

Le pruneau est souvent utilisé avec la viande d'agneau dans la cuisine de l'Afrique du Nord, du Proche-Orient et de l'Iran (tajine marocain par exemple). Pour abréger le temps de cuisson, on peut tremper les pruneaux dans de l'eau, du jus ou de l'alcool. S'ils sont trop desséchés, on peut les faire tremper dans de l'eau bouillante, puis les égoutter et éponger avant de les utiliser.

Pour faire une compote de pruneaux, le sucre ne doit être ajouté qu'en fin de cuisson, sinon le fruit ne pourra absorber l'humidité. L'amande nichée dans le noyau du pruneau contient une substance toxique : l'acide cyanhydrique. C'est pourquoi on peut consommer l'amande mais en petite quantité seulement.

On peut assez facilement dénoyauter un pruneau à la main. Il suffit de le malaxer quelques secondes pour le ramollir. On peut alors d'une simple pression extraire le noyau sans la chair.


Bienfaits pour la santé[]

  • Prévention de l'ostéoporose

Des études récentes suggèrent que les pruneaux sont les fruits les plus efficaces pour prévenir la perte osseuse et même renverser son évolution. Plusieurs expériences menées sur l'animal et l'homme ont montré les effets bénéfiques des pruneaux pour prévenir l'ostéoporose. Les rates ovariectomisées subissent une diminution de leur densité minérale osseuse sauf si elles sont nourries à forte dose avec des pruneaux11. Dans une autre expérience, on laisse les rates perdre de la masse osseuse pendant 40 jours après l'ablation des ovaires puis on les nourrit à divers taux avec des pruneaux. Avec un taux de seulement 5 %, elles récupèrent leur densité minérale osseuse et inversent les désorganisations de la microarchitecture osseuse trabéculaire. Une étude clinique menée sur des femmes ménopausées a montré que les pruneaux, consommés pendant trois mois, en comparaison avec les pommes séchées, améliorent les paramètres d'ossification.

  • Facilitation du transit intestinal
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